Pour beaucoup, au moins ceux qui en ont entendu parlé, la Transition Energétique reste une idée floue, mal définie voire improbable. Certains pensent même que c'est encore une invention des écologistes pour nous obliger à retourner à l'âge de pierre.
Cependant tout le monde s'accorde sur le fait que notre modèle de société est à bout de souffle, que les ressources premières et fossiles s'épuisent, que les pollutions n'ont jamais été aussi fortes et qu'on commence sérieusement à en voir les conséquences.
La production d'énergie est la clé de voûte de notre société et elle doit être entièrement repensée.
 

Jusqu'à présent, notre système de production d'énergie était centralisé et contrôlé par quelques  énergéticiens. Depuis peu, sont apparus des petits producteurs particuliers indépendants comme également des entreprises, produisant sur leur toit de l'électricité.
Ces petits producteurs d'électricité bénéficient d'un tarif d'achat garanti sur une durée de 20 ans. Un système d'obligation d'achat avait été mis en place pour cela.
On sait que ce système n'est pas parfait, que les opposants aux énergies renouvelables ont fait beaucoup d'efforts pour discréditer ce système, arguant que cela coûtait cher à l'Etat (par le crédit d'impôt et les aides) et aux citoyens sur leur facture d'électricité (via la CSPE). Je ne vais pas polémiquer sur ces arguments mais juste faire le constat suivant : grâce à ces mesures, le photovoltaïque est devenu compétitif face aux autres énergies en moins de 10 ans (en fait, il faudrait surtout remercier les Allemands !). Il est même devenu tellement compétitif que la question se pose de revoir entièrement son mode de financement et son intégration dans le réseau actuel. 
 

Il se trouve que cette semaine va débuter un débat commandité par le Gouvernement au sein d'un groupe de travail (DGEC) dont le but est justement de redéfinir la place de cette production d'énergie dans notre mix énergétique. La question est abordée sous l'angle particulier de l'autoconsommation.
L'autoconsommation, c'est simplement le fait pour un particulier de pouvoir consommer librement l'électricité qu'il produit (avec des panneaux solaires ou une éolienne par exemple).
En effet, jusqu'à présent le producteur vendait sa production car c'était plus rentable. Maintenant que les coûts du matériel ont drastiquement baissé, un autre modèle économique s'impose car ce mode de production n'a plus besoin d'être aidé. Ce nouveau modèle, c'est celui de l'autoconsommation : le producteur consomme une partie de sa production et vend juste son surplus.
 

Cela n'a l'air de rien, mais c'est un changement potentiel radical pour toute notre société. C'est la possibilité de passer d'une forme de production centralisée avec des énergies fossiles à une forme de production décentralisé avec des énergies renouvelables !
Cela concerne la totalité des citoyens, qu'ils soient producteurs ou simples consommateurs.
 

C'est donc quasiment un débat historique qui est en train de se jouer car c'est un enjeu de société. Le problème, c'est que les membres de ce groupe de travail sont exclusivement des énergéticiens. Le petit producteur, le citoyen n'est pas représenté et n'a pas voix au chapitre. Pourtant, il est directement concerné car il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que les énergéticiens voient d'un très mauvais œil cette concurrence du petit producteur.
En effet, avec l'augmentation inévitable du prix du kWh à cause de la rareté des matières premières, des coûts en augmentation croissants de la maintenance des vieilles centrales et de leur sécurité mais également avec la prise de conscience de la nécessité d'une énergie propre et renouvelable, des millions de personnes pourraient être tentées de se faire une petite installation en autoconsommation. Quoi de plus simple que de se mettre 2-3 panneaux solaires sur le toit ou sur son balcon ?
 

Les énergéticiens ont donc déjà prévu de tout faire pour que cela n'arrive pas en faisant en sorte de rajouter des contraintes administratives de toutes sortes, voire de mettre en place un « péage » aux auto-consommateurs (c'est ce qui est arrivé en Espagne). Ils vont user de tous les arguments possibles dont le plus facile est de faire croire qu'une fois de plus, cela va coûter cher aux contribuables. Or ce ne sera pas le cas. La personne qui fait une installation en autoconsommation ne bénéficie d'aucune aide publique ni de tarif d'achat. Elle consomme l’électricité qu'elle produit et donc n'utilise pas le réseau. Seul son surplus d'électricité peut aller sur le réseau et éventuellement vendu. Le producteur y trouve son compte, mais également les simples consommateurs car ainsi ils peuvent bénéficier d'une énergie verte qui sera moins chère que l'énergie classique (le kWh du futur l'EPR sera à plus de 10c€ alors que le photovoltaïque est déjà en-dessous).
Le but des énergéticiens est donc clair : retarder le plus longtemps possible cette Transition Energétique et garder la main mise sur la production d'énergie.
 

Liens Internet sur ce vol de démocratie :
http://tecsol.blogs.com/mon_weblog/2013/12/signez-et-faite-signer-la-tribune-de-mediapart-sur-lautoconsommation-.html
http://tecsol.blogs.com/mon_weblog/2013/12/enerplan-%C3%A9crit-au-ministre-de-l%C3%A9cologie.html

Merci à toi, Lionel,
« Lorgues Nature Environnement ».

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